lundi 6 juillet 2009

Frontière

C’était une sorte d’état de flottement entre le savoir qu’on n’a pas encore et le savoir qu’on a déjà, c’était un symbole qui se symbolisait une nouvelle fois, une marche somnambulique conduisant à la clarté, une angoisse qui s’abolissait tout en se renouvelant d’elle-même, c’était comme si je flottais au-dessus de l’océan de la mort, comme un vol, en montées et glissades au-dessus de la crête des vagues, sans les effleurer, tant j’étais devenu léger, - c’était une perception presque corporelle par laquelle j’accueillais en moi la réalité platonicienne supérieure du monde et une si grande certitude m’emplissait qu’il me suffisait de faire un léger pas pour transformer cette perception physique en une perception rationnelle.
Hermann BROCH, Les Somnambules ; trad. P.Flachat et A.Kohn. Paris: Gallimard, 1982, 2 vol. (L’imaginaire), t.II, p.284/285

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