dimanche 31 août 2014

Die Zauberflöte : reflets et réflexion

La littérature germanique de la fin du XVIIIè siècle relate un certain nombre de légendes dont Goethe, parmi d’autres, se fit l’interprète. L’exemple de Das Märchen reprend en 1795 le thème du Serpent superbement évoqué quelques années plus tôt (1791) dans la Flûte enchantée.  Mythique, le fond des textes précurseurs marque une époque qui puise, notamment dans l’Antiquité égyptienne, des images paradoxalement associées à l’orbe des Lumières.
Oberon de Wieland, Lulu oder die Zauberflöte de Liebeskind, Hüon und Amanda de Friederike Sophie Hensel-Seyler, Kaspar, der Fagottist, oder: Die Zauberzither de Joachim Perinet : autant d’exemples qui jalonnent la composition de l’opéra de Mozart. Celui-ci habilla musicalement, d’une manière subtilement codée, les arrangements de ses trois acolytes : Ludwig Giesecke, Emanuel Schikaneder et Ignaz von Born. Ils avaient abondamment puisé dans les thèmes de spectacles alors goûtés du public, travestissant un fond plus grave et plus austère. L’Art royal transparaît, souvent déformé volontairement. Le propos, tant du livret que de la partition, est clairement évocateur d’un rite et d’une Tradition. « Invocation » pourrions-nous dire, qui correspond à un jeu de miroirs. Il rend cet opéra tout à la fois contrefacteur et victime de sa propre contrefaçon. Incompris par les uns, il laisse affleurer, entre les lignes d’une partition riche en modulations tonales expressives, des concepts assez clairement interprétés par d’autres.
Abklatsch, Abbild d’un Urbild, entre historiette et image d’une Tradition, la Zauberflöte ne laisse pas d’étonner. L’analyse que nous proposerions voudrait contribuer à l’élucidation de cette œuvre émaillée de reflets, dont l’aspect séducteur altère, volontairement ou non, la perception. Ignorance, préjugés, conformisme, tendance paresseuse à l’association d’idées : autant de dérivations du modèle, autant d’imitations déroutantes et d’obstacles, au détour desquels Tamino se faufile.