jeudi 11 février 2010

Hermaphrodisme et polarité

C'est la femme qui apporte à l'homme toutes les possibilités, non plus à l'indicatif (rigide et mort) mais au subjonctif : assujettissement, être sujet, passif, au gré des circonstances ; être soumis, même avec masochisme, celui du fautif. Chez Robert Musil, tant dans les Noces que dans l’Homme sans qualités, les femmes vont jusqu'au bout de leurs possibilités alors que les hommes sont plus réservés et s'arrêtent toujours au dernier moment. C'est le coitus interrumptus permanent de l'homme qui ne cède pas à la tentation d'Orphée de se retourner et, ce faisant, de détruire. Cet homme anti-orphique, c'est celui de Sexe et caractère d’Otto Weininger, celui qui n'engendre pas, qui met un terme à la Jetztfolge, à la "Menschfolge" pourrions-nous dire, c'est l'homme polaire, pas l'homme du "milieu". Mais cet homme en soi n'existe pas. Il ne peut être ailleurs que dans l'utopie de l'hermaphrodisme, celui d'Ulrich et de sa sœur Agathe, que nous ne connaîtrons jamais, car la Connaissance passe par le langage et parce que celui-ci, à défaut d'être le Logos (en quête duquel erre le Virgile de Hermann Broch) ne peut décrire - ou faire vivre - cet hermaphrodisme.

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